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Depuis que le féminisme est entré dans l’histoire, beaucoup de femmes extraordinaires ont su se démarquer en améliorant les conditions de vie des femmes. Ayant été une épouse, une mère, mais surtout une femme passionnée, Ronit Elkabetz était surtout une pionnière dans le monde du cinéma et du féminisme. Cette femme forte au caractère trempé a su percer le cœur des Français et du peuple de son pays d’origine grâce à ses talents et sa détermination. Découvrez, dans cet article, son histoire et les combats qu’elle a menés au cours de sa vie.
Qui était Ronit elkabetz ?
Ronit Elkabetz est connue pour ses talents d’actrice, de scénariste, de réalisatrice, mais surtout pour ses engagements militants envers les droits de la femme. Née le 27 novembre 1964 à Beer-Sheva, cette femme d’origine marocaine a grandi et a commencé sa carrière d’actrice en Israël. Elle a ensuite vécu le reste de sa vie, partagée entre la France et ce pays où elle a fait ses débuts. Grâce à ses talents, elle a pu tourner plusieurs films et a même monté les scénarios de plusieurs d’entre eux. Cela lui a permis de devenir une ambassadrice du cinéma israélien à l’étranger.
Comment ronit elkabetz s’est fait connaître ?
Née de parents juifs marocains originaires d’Essaouira, dont une mère coiffeuse et un père financier dans les postes israéliennes, Ronit Elkabetz était l’aînée d’une fratrie de 4 enfants. Pour se faire une place dans le monde des arts, elle commence par étudier le stylisme, puis finit par se rendre à une audition de cinéma, où elle obtient le rôle principal dans « Le Prédestiné » de Daniel Wachsmann. Pourtant, elle n’a jamais pris de cours de comédie. Ce rôle lui a permis de devenir une vedette en Israël, bien qu’elle ait choisi de tout quitter pour la France.
Arrivée au pays français, Ronit Elkabetz ne connaît ni la langue ni les coutumes, mais décide de ne pas baisser les bras. En 1997, elle demande d’effectuer un stage chez Ariane Mnouchkine, où elle se retrouve à faire la vaisselle. Cependant, elle ne perdit pas espoir. C’est suite à un spectacle consacré à la vie de la chorégraphe Martha Graham qu’on lui proposa le rôle d’un travesti dans « Origine contrôlée ». Elle commence peu à peu à être connue et à vivre de sa passion, en enchaînant les prix de la meilleure actrice au Festival du film de Thessalonique 2001 et à Cannes en 2004. Inspirée par l’histoire de ses parents, elle met en pratique ses talents de coscénariste et s’engage avec son frère cadet, Shlomi Elkabetz, à réaliser une trilogie de films féministes dont le deuxième volet a fait l’ouverture de la Semaine de la critique à Cannes, en 2008 et le dernier volet fut nominé dans la catégorie film étranger pour les Golden Globes 2015. Son dernier film, « Gett, le procès de Viviane Amsalem », coréalisé avec son frère Shlomi Elkabetz, avait été nominé dans la catégorie film étranger pour les Golden Globes 2015. C’est grâce à sa vive foi en elle-même, combiné d’une forte détermination, qu’elle exposera tout au long de sa vie, une galerie de personnages de femmes combattantes, prêtes à lutter contre la discrimination des femmes dans une société d’hommes machistes et oppressifs.
De quoi est morte l’actrice ?
Le mardi 19 avril 2016, en Israël, Ronit Elkabetz fut emportée par le cancer contre lequel elle luttait depuis 2 ans. Elle avait alors 51 ans et laissa derrière elle des jumeaux de 4 ans. Figure emblématique du cinéma israélien, elle a su arborer de front, les travers de son pays. Avec son regard intense, ses traits taillés à la serpe et sa crinière noire flamboyante, elle a su s’approprier ses rôles de femmes intenses désireuses de s’émanciper, même si la pression de la société patriarcale s’y est souvent opposée. Des hommages furent rendus à l’actrice pour son talent, sa beauté, sa gravité, sa légèreté, sa noirceur et sa lumière. L’ambassadeur de France à Tel-Aviv, Patrick de Maisonnave a d’ailleurs organisé une cérémonie qu’il a clôturée avec un enregistrement de « L’aigle noir » de la chanteuse Barbara, que l’actrice a entonné peu avant sa mort. Marquées par son courage et le combat qu’elle a su mener sous ses incarnations de femmes fortes, plusieurs centaines de personnes ont décidé de l’accompagner jusqu’à sa dernière demeure, au cimetière de Kyriat Shaoul de Tel-Aviv. Son amie proche Yaël Abecassis, une autre actrice renommée du cinéma israélien se souviendra d’elle comme étant celle à qui « le monde avait appris l’amour et qui avait appris au monde à aimer ».
5 choses étonnantes à savoir sur Ronit elkabetz
Ses rituels du matin
Elle se lève tous les jours à 4 heures du matin. Une fois que le réveil sonne, elle prend un moment, les yeux fermés, pour se remémorer ses rêves. Cela lui donne la force de se lever. Elle prend ensuite une douche très chaude puis froide pour mieux se réveiller et s’applique de l’écran total sur le visage.
Une cohabitation avec la communauté palestinienne
Étant une habitante de la vieille ville de Jaffa, un faubourg de Tel-Aviv, au bord de la Méditerranée, elle a pu tisser un lien étroit avec des Palestiniens. Malgré les peurs qui y règnent, elle trouve tout de même la ville fascinante et charmante.
Pas de déplacement sans son dressing
Lorsque l’actrice doit quitter sa ville, elle a parfois du mal à choisir les vêtements qu’elle doit emporter avec elle. Afin d’avoir le choix une fois sur place et pour être sûre de ne rien oublier, elle préfère emporter tout son dressing dans de grands sacs, comme si elle n’allait jamais revenir.
Ses habitudes lors des tournages
Une fois arrivée sur le plateau, elle va directement auprès de sa maquilleuse, la seule capable de lui redonner une apparence humaine. Ensuite, elle s’offre un thé à la menthe, quelques noix, des fruits secs, du yaourt de chèvre bio et du chocolat noir. Comme jouer des rôles lui fait dépenser beaucoup d’énergie, elle se nourrit toutes les deux heures.
Sa vie amoureuse
Ses rituels du soir se rapportent à téléphoner à son amoureux, une fois dans son lit, vers minuit. Les tourtereaux se sont mariés un mois après leur rencontre en Israël et ont donné naissance à des jumeaux.
Quels sont les films avec ronit elkabetz ?
Ronit Elkabetz a été nominée au total pour 13 oscars israéliens et a reçu un prix de l’Académie du film israélienne pour l’ensemble de son œuvre. Elle a également remporté des dizaines de prix dans divers festivals de cinéma internationaux, à l’instar du prix France Culture lors du Festival de Cannes en mai 2010, sans compter la réception de la Légion d’honneur. Voici la filmographie de Ronit Elkabetz :
- Mariage tardif (2001) ;
- Le Procès de Viviane Amsalem (2014) ;
- Les Mains libres (2010) ;
- Zarafa (2012) ;
- La Fille du RER (2009) ;
- Les Sept jours (2008) ;
- Invisible (2013) ;
- Tête de turc (2010) ;
- Cendres et Sang (2009) ;
- L’endroit idéal (2008) ;
- La Visite de la fanfare (2007) ;
- Prendre Femme (2005) ;
- Mon trésor (2004) ;
- Alila (2003) ;
- Origine contrôlée (2001) ;
- La Cicatrice ;
- Zion et son frère (2009) ;
- Milim ;
- Ben Gurion ;
- Sh’chur ;
- Eddie King (1992) ;
- Le Prédestiné.
Ronit elkabetz, son combat pour la condition des femmes
Tous les citoyens israéliens, qu’ils soient hommes ou femmes, pauvres ou riches, laïques ou non, sont soumis à la même loi matrimoniale. En matière de mariage, les futurs époux doivent se référer à la loi religieuse, tandis qu’ils doivent consulter le tribunal rabbinique en cas de divorce. Le mariage civil n’a donc aucune existence en Israël. Par ailleurs, une femme souhaitant demander le divorce au tribunal doit d’abord obtenir le consentement du mari. En cas de refus, le divorce ne peut être prononcé. C’est dans le but d’éclaircir ce contexte que Ronit Elkabetz et son frère Shlomi ont cosigné le scénario et la réalisation de la trilogie : « Prendre femme », « Les sept jours » et « Le procès de Viviane ». Ces films ont eu de très fortes résonnances et ont redonné espoirs aux femmes qui n’en pouvaient plus d’êtres prisonnières de leur couple. Non seulement ces histoires ont suscité une polémique sociale, mais elles ont aussi eu de véritables répercussions sur le plan politique. Cela a interpellé les autorités compétentes. Ces derniers ont donc envisagé de revisiter les faits discriminatoires de la loi israélienne. Grâce à la volonté et à la conviction de Ronit Elkabetz et de son frère, l’idée de soutenir la volonté de changement pour les femmes a fini par faire ses preuves.