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Vous êtes fan de série télévisée ? Voici une sélection qui vaut le détour :
Voyage dans le temps
Depuis des décennies, les théories du complot sur l’assassinat du président américain John Fitzgerald Kennedy alimentent l’imaginaire collectif, allant même jusqu’à contaminer la pop culture. La thèse officielle selon laquelle Lee Harvey Oswald aurait agi seul, a été revisitée au cinéma (le biopic d’Oliver Stone), à la télévision (Code Quantum ou X-Files) et dans des livres (Libra de Don DeLillo). Parmi ces œuvres figure aussi 11.22.63, roman à succès de Stephen King, dont est adaptée cette minisérie créée par Bridget Carpenter et produite par J.J Abrams. Soit l’histoire de Jake (James Franco), un professeur de lettres qui découvre l’existence d’un portail spatio-temporel.
À la demande d’un de ses amis, il retourne dans les années 60 pour empêcher la mort de JFK et, par ricochet, la guerre du Vietnam. L’épisode pilote, le seul à avoir été diffusé, ne dure pas 1 h 30 pour rien : il permet de poser les jalons d’une série à l’intrigue dense, mélangeant les genres. De la romance, du thriller, de l’espionnage… Pour trouver une vraie force émotionnelle, 11.22.63 se repose autant sur la grande histoire que sur les trajectoires plus intimes. Jake cherche à changer le destin des États-Unis, mais aussi celui d’un de ses proches, car, affirme-t-il, ’’les petites choses comptent aussi’’. Introduction solide, interprétation tout en sobriété de James Franco (ô miracle), reconstitution historique réussie… La suite s’annonce prometteuse, à condition que la série trouve son rythme de croisière dans les sept épisodes suivants…
Prêts pour le choc des séries politiques ?
Quelques mois avant Marseille de Netflix, Canal+ s’attaque avec brio aux arcanes du pouvoir dans une fiction ultra-réaliste. Dans un rôle à contre-emploi, Kad Merad incarne Philippe Rickwaert, un député-maire mouillé dans une affaire de financement occulte de HLM. Fou de rage contre son mentor Francis Laugier (Niels Arestrup), qui l’a désavoué lors de sa course à l’Élysée, l’ex-ouvrier fomente sa vengeance. Aucun élément n’est choisi au hasard dans Baron Noir, ni la décision de centrer l’histoire au sein du Parti socialiste, ni le choix de la région Nord, fief ouvrier virant vers le FN, comme décor de l’intrigue. Ancien militant PS, Eric Benzekri (co-scénariste avec Jean-Baptiste Delafon) s’est inspiré de son expérience pour ancrer la série dans le paysage politique français. D’où ce résultat très crédible, mais qui ne nuit pas aux enjeux dramatiques, tant les rebondissements s’enchaînent. Verdict ? Une belle réussite !
Bonne nouvelle pour les fans de Homeland : Damian Lewis revient sur le petit écran. Dans ce thriller produit par Showtime, il incarne Bobby Axelrod, un self-made man, passé d’un milieu modeste au statut de magnat de la finance. Rien ne semble menacer l’empire qu’il a bâti… Jusqu’à ce que Chuck Rhoades (Paul Giametti), le procureur de New-York, cherche à le coincer pour délit d’initié. Contrairement au film The Big Short, qui décortique les rouages de la crise des subprimes, Billions n’a aucune visée informative. Sexe, argent et trahisons représentent le triptyque gagnant de cette série lorgnant davantage vers le soap opéra que le documentaire.
Reste qu’elle remplit sa mission principale : nous divertir en offrant une plongée fascinante au cœur du pouvoir, entre coups bas, luttes d’influence et train de vie démesuré. Les créateurs relèvent le défi principal : faire du personnage d’Axe un parfait antihéros, attachant, car parti de rien, millionnaire à force de travail acharné, cruel, mais fidèle à sa femme et à ses amis d’enfance.
À 17 ans, Maddie sniffe de la cocaïne, fume de la weed et n’est pas étrangère aux blackouts post-beuverie. Les signes d’une crise d’ado ? Plutôt celles d’une addiction. Quand une bouteille de vodka est découverte dans son casier, elle est contrainte par une conseillère de son lycée de se soigner. Le jour, elle se rend en cours comme n’importe quelle fille de son âge, le soir, elle vit dans un centre de désintoxication avec d’autres addicts.
Double vie, parcours de guérison, recours à la voix off, mots manuscrits à l’écran… Par la forme et le fond, Recovery Road rappelle davantage la délicatesse du Journal d’une ado hors norme que la trash-attitude de Skins. Cette fiction traite avec une certaine réussite de l’addiction, là où les autres teen shows en font un ressort scénaristique un peu facile.
Triple frontière : quand une affiche de film produit un effet comique !
Tel Beyoncé dévoilant un album surprise, Louis CK a pris tout le monde de cours avec sa nouvelle web série. Un lancement en toute humilité qui sied bien au minimalisme du programme, véritable ovni dans le paysage actuel. Ce show multicaméras, tourné comme une pièce de théâtre (entracte compris), prend comme décor un bar suranné de Brooklyn. À la tête de cet établissement, Horace, un quinqua immature incarné par le comique, son frère Pete, joué par Steve Buscemi et leur oncle Pete, un vieux réac incontrôlable.
Entre deux règlements de comptes familiaux, hipsters du coin, clients fidèles et ivrognes en tous genres refont le monde autour d’une bière dans ce lieu hors du temps. Il est question de la mort, du sexe et de tous ces thèmes existentiels que l’humoriste aime évoquer, mais aussi d’un débat sur la crise des migrants, et même de rencontres sur Tinder.